Au moment de lancer leur carrière, David Gagnon et sa conjointe avaient décidé de s’établir à Montréal pour profiter de son effervescence : restaurants à quelques minutes de marche, spectacles. « J’ai toujours aimé la vivacité de Montréal. Dans la vingtaine, ça me comblait », se rappelle ce travailleur autonome.
Mais quand les enfants sont arrivés dans la vie du couple, la famille s’est peu à peu trouvée à l’étroit dans son condo de Rosemont. L’absence de cour et d’endroit où faire du vélo pour les deux enfants pesait aussi.
« On vivait de plus en plus les désagréments de Montréal et on n’avait plus le temps de profiter des avantages. » – David Gagnon
Le couple a envisagé d’acheter une propriété plus grande dans l’île, mais les prix étaient trop élevés, si bien qu’il a finalement opté pour Saint-Lambert, sur la Rive-Sud.
Son cas est loin d’être unique. L’an dernier, tout près de 60 000 Montréalais ont quitté l’île pour s’établir dans une autre région du Québec. Seulement 36 000 personnes ont emprunté le chemin inverse afin de s’installer à Montréal. La métropole affiche ainsi un solde migratoire négatif de 23 663 habitants. À noter, ces données ne tiennent pas compte des naissances et de l’immigration, qui continuent à contribuer à l’augmentation de la population de Montréal. La population sur l’île s’est ainsi établie à 2 033 189 personnes en 2017 (dernière année où cette statistique était disponible), soit une hausse de 1,2% par rapport à l’année précédente.
L’année 2018 marque ainsi le pire bilan en 10 ans pour la métropole. Le solde négatif de Montréal s’était légèrement estompé de 2009 à 2014, dans la foulée de la dernière crise économique, mais la vague de départs a recommencé à prendre de l’ampleur depuis.
Partir pour la famille
Ce sont principalement de jeunes familles comme celle de David Gagnon qui quittent Montréal, selon les données de l’ISQ. La métropole attire principalement des jeunes de 15 à 24 ans, soit au moment des études, tandis que l’île encaisse des pertes chez les 25 à 44 ans et les 0 à 14 ans. « Le déficit marqué chez les 0-14 ans indique que les familles avec enfants demeurent plus nombreuses à quitter l’île qu’à s’y établir », note l’ISQ.
Arrivée pour les études, partie pour la famille : le parcours d’Amélie Myrand-Langlois ressemble lui aussi à celui de milliers de personnes qui avaient choisi Montréal, mais ont fini par le quitter après avoir eu des enfants.
« On n’avait pas une grosse cour et on en voulait une pour les enfants », explique la jeune femme. Autre facteur irritant majeur : le stationnement en hiver à Montréal.
« C’était très plate, dans les rues trop enneigées, avoir à sortir avec bébé dans sa coquille. Avoir sa propre entrée, c’est bien pratique. » – Amélie Myrand-Langlois
L’essentiel de ces départs de jeunes familles a bénéficié à la banlieue de Montréal. La quasi-totalité des pertes de la métropole (22 300 personnes) se sont faites au profit des banlieues nord et sud. À peine 1250 personnes sont parties s’établir plus loin dans la province.