La hausse rapide des taux d’intérêt a fait craindre le pire pour les détenteurs de prêts hypothécaires. Mais ce sont les ménages sans emprunt hypothécaire qui montrent le plus de signes de détresse financière, révèle le Rapport sur la stabilité financière publié jeudi par la Banque du Canada. Son gouverneur, Tiff Macklem, a répondu à nos questions.Mis à jour le 10 mai

HÉLÈNE BARIL

La Presse

Les ménages qui n’ont pas de prêt hypothécaire ont plus de difficulté que ceux qui en ont un à joindre les deux bouts. Comment expliquer ça ?

C’est en raison des prix des loyers qui ont augmenté rapidement, mais ce n’est pas seulement à cause de ça. C’est aussi parce que les taux d’intérêt sur les prêts à la consommation et les prêts autos ont augmenté. L’alimentation coûte aussi plus cher. Les locataires ont généralement des revenus moins élevés que les propriétaires, et ça explique pourquoi les défauts sur les cartes de crédit et les prêts automobiles des ménages sans prêt hypothécaire augmentent et sont revenus à leurs niveaux d’avant la pandémie alors que les défauts parmi les emprunteurs qui ont un prêt hypothécaire sont faibles et stables.

La moitié des détenteurs de prêts hypothécaires ont déjà renouvelé leur emprunt à des taux d’intérêt plus élevés et le taux de défaut reste très bas, à 0,5 %. Prévoyez-vous que ce taux puisse encore augmenter ?

Le taux de défaut est bas, mais ça ne veut pas dire que ce n’est pas difficile pour ces ménages. Ils se sont ajustés en diminuant leurs dépenses. Ils paient leurs hypothèques, ils paient leurs cartes de crédit et paient leurs prêts auto. Mais les taux d’intérêt sont plus hauts et ils ont moins d’argent pour leurs autres dépenses. Ils ont ajusté leur consommation. Ça n’a pas eu un grand effet sur la stabilité financière (jusqu’à maintenant).

Ce ne serait pas surprenant que le taux de défaut monte dans les deux prochaines années parce que les ménages qui renouvelleront leur hypothèque vont avoir un changement de taux d’intérêt plus grand que ceux qui ont déjà renouvelé. On sait aussi que ces ménages ont moins d’équité sur leurs maisons et qu’ils ont contracté en moyenne des hypothèques plus élevées en fonction de leurs revenus. Pour ces raisons, l’ajustement dans les deux prochaines années pourrait être plus difficile. D’un autre côté, l’emploi est assez bon, les ménages ont vu une augmentation de leurs salaires et ils ont épargné pendant la pandémie. Donc, il y a des choses qui vont dans l’autre direction.

Le nombre de faillites d’entreprises est en forte hausse. Faut-il s’en inquiéter ?

C’est inquiétant pour ces entreprises qui sont en faillite, mais en matière de stabilité financière, ce n’est pas tellement inquiétant parce qu’il y a de bonnes raisons de penser que certains éléments de cette forte hausse des faillites reflètent un certain rattrapage. Pendant la pandémie, les faillites étaient très basses, très en dessous d’un taux de faillite normal, parce que les taux d’intérêt étaient très bas et qu’il y avait plusieurs programmes pour aider les petites entreprises.

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