Éric Desrosiers

Publié le 10 juin

Les Québécois ont moins envie de quitter les régions pour les grands centres. Ils sont plutôt portés à rester là où ils sont, ou alors à faire le chemin inverse. Ils le feraient d’ailleurs peut-être plus encore si les logements n’étaient pas si rares.

On se souvient que, durant la pandémie de COVID-19, de nombreux Québécois ont déménagé des grands centres urbains vers la banlieue, ou plus loin encore, pour y trouver plus de place, de nature et de tranquillité.En l’espace de la seule année 2020-2021, par exemple, le solde migratoire (arrivées – départs) entre Montréal et le reste du Québec s’est conclu par une perte nette de 40 000 résidents au profit d’autres régions métropolitaines, comme Sherbrooke (-2300 personnes), Québec (-1900) et Trois-Rivières (-1400), mais surtout de municipalités et de régions plus petites (32 000 départs nets), selon l’Institut de la statistique du Québec (ISQ).

Ce brutal exode des grands centres est survenu au milieu de deux tendances en cours depuis plusieurs années et qui se sont poursuivies aussitôt la crise sanitaire passée.

Premièrement, une diminution de la proportion de Québécois qui quittent leur région pour une autre chaque année. Ce taux de migration interrégionale a ainsi reculé du tiers, passant de 2,8 % en 2001 à moins de 1,8 % l’année dernière.

Deuxièmement, une réduction du nombre de Québécois qui quittent leur région pour de plus grandes villes en même temps qu’augmente le nombre d’habitants de grandes villes qui partent pour de plus petites villes ou des régions. En guise d’exemple, les derniers chiffres de l’ISQ montrent que le taux de migration interrégionale net de Montréal est graduellement passé d’un solde équilibré en 2002 (autant de départs que d’arrivées) à une perte nette — à raison d’entrées équivalentes à 0,72 % de la population totale, contre 1,23 % de départs, pour un recul net de 0,52 %.

Rester chez soi

Ces tendances sont sans doute attribuables à de nombreux facteurs, observait l’ISQ dans une analyse au début de l’année. Parmi eux, on cite l’explosion du télétravail, les coûts d’accès élevés à la propriété dans les grandes villes et la perte de dynamisme des centres-villes.

De l’autre côté, l’économie et le marché de l’emploi se sont généralement révélés vigoureux en dehors des grands centres, a expliqué en entrevue au Devoir Francis Cortellino, économiste principal à la Société canadienne d’hypothèques et de logement. Le plus grand espace, le loisir d’éviter la congestion routière et l’accès à de plus en plus de services sont aussi des atouts. Le vaste réseau des cégeps et le fait que les universités ouvrent de plus en plus de campus satellites en dehors des grands centres permettent aux plus jeunes de ne pas avoir à s’expatrier pour poursuivre leurs études, puis trouver de l’emploi.

« Et il y a ce mythe tenace qui veut que les retraités vendent leurs maisons en banlieue pour venir s’installer en ville, dit l’économiste. En fait, c’est l’inverse qui se produit depuis très longtemps, c’est-à-dire qu’il y a plus de personnes âgées qui quittent les grands centres pour aller vivre ailleurs que le contraire. Peut-être parce que les gens veulent retourner à leurs régions d’origine. »

Dans les grandes villes, ces pertes migratoires internes restent largement compensées par l’accueil d’immigrants, de sorte que leurs populations continuent de croître, note l’ISQ.

Un frein au mouvement

Durant la pandémie, le prix moyen des logements a bondi de 50 % en l’espace de deux petites années. « Il avait fallu dix années avant cela pour avoir la même augmentation », rappelle Francis Cortellino. Depuis, on est revenu à un rythme d’augmentation plus normal (environ 6 % par année), mais les prix restent relativement élevés et les logements sont rares.

Même si le Québec a grossi depuis, le nombre de propriétés à vendre dépassait les 82 000 en 2015, alors qu’il n’était que de 36 500 en avril dernier. « C’est sûr qu’aujourd’hui, il y a plein de gens qui doivent avoir envie de bouger vers une autre région ou un autre type de logement, mais qui ne le feront pas parce qu’ils ne trouvent pas d’option », observe l’économiste.

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