Les économistes et les observateurs du marché prédisent que la Banque du Canada réduira à nouveau les taux d’intérêt cette semaine, alors que les preuves d’un ralentissement durable de l’inflation s’accumulent.

Mis à jour hier à 19h40

AMANDA STEPHENSON

La Presse Canadienne

Les attentes selon lesquelles la banque abaisserait son taux directeur lorsqu’elle fera son annonce prévue mercredi sont élevées depuis la publication la semaine dernière du dernier rapport sur l’inflation de Statistique Canada, qui montrait que l’inflation annuelle s’était refroidie à 2,7 % en juin.

Le taux d’inflation était inférieur aux 2,8 % auxquels s’attendaient les marchés. Ce taux contribué à renforcer la confiance du marché dans le fait que la Banque du Canada pourrait être prête à annoncer une deuxième réduction des taux, en plus de la réduction de 25 points de base annoncée le mois dernier.

« Je pense qu’il est très probable que la Banque du Canada réduise à nouveau ses taux la semaine prochaine. Cela n’aurait pas vraiment de sens, d’un point de vue stratégique, de réduire les taux seulement de 25 points de base, puis de les laisser là et de voir comment l’économie réagit. Cela ne provoquerait pas vraiment beaucoup de changements dans la trajectoire de l’économie ou de l’inflation », a expliqué Royce Mendes, directeur général et chef de la stratégie macroéconomique chez Desjardins.

La baisse des taux d’intérêt du mois dernier, qui a abaissé le taux directeur de la banque centrale de 5 à 4,75 %, était la première depuis plus de quatre ans.

Légère hausse du taux de chômage

En plus du dernier rapport sur l’inflation, les données récentes montrant une hausse du chômage ainsi que des attentes modérées en matière de croissance des entreprises canadiennes qui soutiennent toutes la perspective d’une nouvelle réduction, a poursuivi M. Mendes.

Bien que l’inflation reste supérieure à l’objectif de 2 % de la Banque du Canada, M. Mendes avance qu’un report plus long pourrait avoir des répercussions négatives.

« Les taux d’intérêt aux niveaux où ils sont [actuellement] sont en fait très restrictifs. Cela se voit dans les tendances des dépenses de consommation. Cela se voit dans le marché immobilier », a-t-il illustré.

Je dirais que si [la Banque du Canada] ne réduisait pas ses taux la semaine prochaine, cela témoignerait d’une bien plus grande volonté de faire basculer l’économie dans la récession, juste dans le but de faire baisser l’inflation de quelques dixièmes de point de pourcentage de plus.

 Royce Mendes, directeur général et chef de la stratégie macroéconomique chez Desjardins

Le dernier rapport de Statistique Canada sur les ventes au détail vendredi a montré que les Canadiens ont réduit leurs dépenses en mai, les ventes au détail ayant chuté de 0,8 %, à 66,1 milliards de dollars.

Les ventes ont diminué dans huit des neuf sous-secteurs suivis, a indiqué l’agence.

« Ce que la Banque du Canada essaie de faire, c’est simplement de réduire les restrictions qu’elle impose à l’économie. Elle n’essaie pas de stimuler l’économie, elle essaie simplement de réduire les vents contraires qu’elle crée », a résumé M. Mendes, ajoutant qu’une deuxième réduction des taux pourrait inciter les consommateurs canadiens à se sentir à nouveau plus confiants quant à leurs dépenses.

Les données les plus récentes sur le marché du travail canadien montrent que l’économie a stagné en juin, perdant 1400 emplois tandis que le taux de chômage a augmenté à 6,4 %, contre 6,2 % en mai.

Le résultat de juin constitue le taux de chômage le plus élevé depuis janvier 2022, une autre indication qui augmente les chances que la Banque du Canada abaisse ses taux cette semaine.

Impact limité

Mais même si la plupart des observateurs du marché estiment qu’une baisse des taux d’intérêt surviendra cette semaine et sera suivie de nouvelles baisses plus tard dans l’année, ce point de vue ne fait pas l’unanimité.

Clay Jarvis, expert en hypothèques et en immobilier chez NerdWallet Canada, est d’avis que la décision de cette semaine pourrait aller dans un sens ou dans l’autre.

Compte tenu de la prudence de la banque, réduire le taux du financement alors que l’inflation est encore bien au-dessus de 2 % serait assez inhabituel.

 Clay Jarvis, expert en hypothèques et en immobilier chez NerdWallet Canada

Si la réduction se produit, il est peu probable qu’une réduction de 25 points de base des taux d’intérêt variables suffise à bouleverser de manière significative le marché immobilier canadien, a ajouté M. Jarvis, alors que les acheteurs sont aux prises avec la perspective de remboursements hypothécaires plus élevés.

LES CANADIENS SONT PESSIMISTES

La récente réduction des taux d’intérêt par la Banque du Canada n’a pas modifié les perceptions négatives des Canadiens à l’égard de leurs finances personnelles, indique un nouveau sondage.

L’indice des dettes à la consommation de MNP, réalisé trimestriellement par Ipsos, a chuté de six points par rapport au trimestre précédent, à 85 points, ce qui, selon le cabinet spécialisé en insolvabilité, témoigne d’opinions de plus en plus négatives sur la situation d’endettement des répondants.

Les deux tiers des personnes interrogées affirment avoir désespérément besoin d’une baisse des taux d’intérêt, tandis que plus de la moitié craignent que les taux ne baissent pas assez rapidement pour leur apporter l’aide financière dont elles ont besoin.

Le rapport de MNP révèle que 46 % des Canadiens sont à 200 dollars ou moins de ne pas pouvoir s’acquitter de toutes leurs obligations financières, tandis que trois sur dix se disent incapables de payer leurs factures et leurs dettes.

Le président de MNP, Grant Bazian, affirme qu’avec les prix de nombreux produits de première nécessité toujours élevés, « ils sont nombreux à ne pas avoir encore constaté de diminution importante dans leurs dépenses mensuelles […] pour alléger le poids financier ».

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